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Le Blog du Pollen Iodé

"Pietra viva" - Léonor de Récondo

            Ce roman raconte un passage de la vie de Michel-Ange alors âgé d’environ trente ans, tandis qu’il séjourne près d’une carrière de marbre à la montagne, en vue d’y choisir des morceaux pour en faire des statues destinées à la tombe du pape Jules II. Le sculpteur est censé être en train de se remettre du chagrin que lui a causé la mort d’un jeune et beau moine dont il était amoureux, prénommé Andrea, inventé pour les besoins de ce récit.

            Le personnage principal acquiert de nouvelles façons de voir son passé et ses anciennes fréquentations (surtout sa mère en fait, morte quand il avait six ans), de renouveler ses souvenirs, grâce aux nouvelles connaissances qu’il noue à la montagne ; de plus, celles-ci l’aident à se distraire de son chagrin. Pourquoi pas. Le roman est aussi assez poétique, mais il contient trop de sensiblerie et le jeune Michele s’exprime de manière fort peu naturelle pour un petit garçon élevé dans la classe populaire.

            Deux des principales fréquentations de Michel-Ange dans l’histoire s’appellent Topolino et Cavallino. S’il l’on veut, le nom du premier évoque le topos, l’endroit, le lieu, voire le lieu commun, la surface, il est solide mais n’est censé rien avoir qui soit caché ou qui requiert une analyse. Le nom du second évoque la cave, donc au contraire ce qui est dissimulé car souterrain et en même temps ce qui doit solliciter l’attention (« Cave » signifiant « attention », « prends garde » en latin), spécialement la folie, les profondeurs inconnues de l’esprit humain (Cavallino est fou, contrairement à Topolino, mais aussi à certains égards plus lucidement sensible que lui).

            L’auteur voulait apparemment donner une description poétique de l’état d’âme typique de l’artiste et vanter les mérites de la sensibilité et de l’ouverture aux autres. Il n’y a pas de mal à cela, mais elle y met trop de mièvrerie et puisque cette histoire de moine aimé et défunt ne semble pas correspondre à un véritable épisode de la vie du sculpteur, il semble qu’il eût mieux valu, soit qu’elle fasse quelque chose de franchement biographique et qu’elle s’en tienne aux faits connus, soit qu’elle invente sa propre histoire et qu’elle donne un nom inventé à son héros, quitte à s’inspirer de la vie de Michel-Ange pour créer l’existence de ce protagoniste. L’ouvrage a une espèce de charme mignard mais son effet est de courte durée et on ne peut pas aller jusqu’à parler de séduction (on peut en arriver assez vite à l’agacement, en revanche). Il rappelle vaguement l’œuvre de Klaus Mann, qui a un effet semblable.

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