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Le Blog du Pollen Iodé

"Héliopolis" - May Telmissany

            Ce roman raconte l’enfance de Micky, petite fille habitant à Héliopolis, une ville située près du Caire. L’œuvre évoque surtout le souvenir des membres féminins de sa famille (sa mère, ses deux tantes et sa grand-mère) et des divers mobiliers bibelots et meubles possédés par ces dernières, qui vivent toutes dans différents appartements du même immeuble.

            Le texte fait un peu penser à Enfance de Nathalie Sarraute, en plus ennuyeux. Ce qui retient le plus l’attention chez lui est le fait qu’il montre comment, dans l’enfance, on a du mal à comprendre le monde et aussi à se faire comprendre, de sorte qu’on crée des fictions pour expliquer ce qui paraît incompréhensible, ces fictions étant souvent infondées dans les faits et pouvant s’avérer plus effrayantes que la réalité. Bien qu’elles soient censées avoir des vertus explicatives, celles-ci ne fonctionnent pas systématiquement, comme le montrent les situations dans lesquelles Micky raconte des fables moralisatrices à son petit frère, qui ignore la leçon qu’il est censé en tirer et, à la place, pose des questions sur des détails plus ou moins importants des intrigues.

            La petite fille a l’impression récurrente d’être tantôt une marionnette, tantôt une marionnettiste. En effet, même à l’âge adulte, on peut avoir l’impression que notre vie échappe à notre contrôle et est gouvernée par des forces extérieures inconnues (c’est d’ailleurs réellement en grande partie le cas), ce qui n’empêche pas de vouloir contrôler sa propre existence et celle d’autrui, de manipuler ces congénères, ce désir pouvant justement émaner d’une envie de compenser l’impression d’impuissance qu’on éprouve vis-à-vis de sa propre existence. Il est certes peu courant de montrer un personnage simultanément (ou presque) manipulateur et passif, c’est peut-être l’aspect de l’histoire qui retient le plus l’attention.

            Le ton employé pour faire le récit, associé à la focalisation sur l’enfance, fait aussi penser à Ce que savait Maisie de Henry James. Les défauts principaux de l’ouvrage sont le fait que les personnages sont peu caractérisés (on confond facilement les deux tantes, elles ne se distinguent guère l’une de l’autre) et le fait que, bien que le contenu du texte n’ait rien de compliqué, il faut faire un effort de concentration pour ne pas se laisser distraire de son propos, car globalement il ne fait pas grand-chose pour retenir l’intérêt. Il peut avoir une vague valeur autobiographique et documentaire sur le sort des petites filles des classes moyennes en Egypte sous Nasser et Sadate (le contexte historique et politique est du reste peu précis), mais ce n’est pas une lecture indispensable.

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